Le cyclo, vu par Jean-Pierre Steinmentz*
Nous sommes habitués à recevoir de plein fouet la relation brutale des événements qui font le quotidien du monde dans lequel nous vivons. Définir et expliquer ce qu’est le cyclotourisme pourrait donc paraître aisé, s’il ne suffisait que de décrire la technicité, simple en apparence il est vrai, de sa pratique. Pour expliquer ce qu’est le cyclotourisme, il faut en faire partager sa passion.
L’exercice physique, voire même l’effort du cyclotouriste n’est pas une fin en soi ; user de sa machine pour voir, découvrir, comprendre est aussi et surtout pour le randonneur à bicyclette une finalité. Le bien-être que procure cette osmose savamment réalisée entre le sport, la culture et le tourisme ne se décrit pas : il se vit, comme une passion. Les pratiquants chevronnés et assidus de notre section sont convaincus, je le suis aussi, que la pratique du cyclotourisme nous permet quelque part de trouver une once de bonheur, de ce bonheur discret auquel chacun d’entre nous aspire. Par essence, le cyclotourisme n’est pas spectaculaire : pratiqué dans la discrétion, voire furtivement, sur les petites routes et chemins écartés, il ne devient “ médiatique ” qu’à l’occasion de manifestations de masse qui n’en révèlent que des aspects très partiels et à certains égards trompeurs.
Mais pour l’essentiel, c’est-à-dire les promenades, les randonnées, les voyages, on reste dans le domaine confidentiel. C’est regrettable, certes, mais logique…
En effet, l’une des différences fondamentales entre un sport de compétition et une activité comme le cyclotourisme, c’est que le premier PRODUIT un spectacle et suppose un public, tandis que la seconde OFFRE au contraire le spectacle à ses acteurs : ce sont eux qui regardent, eux qui sont aux premières loges.
Il est des joies et des passions qui se nourrissent de silence ou, du moins, de discrétion. Vouloir enfreindre cette “ obligation de réserve ”, même dans la meilleure intention d’un prosélytisme altruiste, c’est aller vers de probables mécomptes : né de la simplicité dans sa conception et de la modestie dans sa pratique, le cyclotourisme ne supporte ni le tapage, ni la promotion mercantile. C’est là sa faiblesse…A moins que ce ne soit plutôt sa force ? Néanmoins, il faut se garder de cacher nos goûts et, sous prétexte de vouloir être surtout “ culturels ”, de reléguer au second plan, presque comme un vice caché, notre passion pour le vélo. On ne renie pas ses racines : elles sont ! Nous sommes avant tout des pédaleurs.
“ Moudre du braquet ” dans le vent des plaines, et des vallées, “ enrouler ” patiemment au long des rampes des grands cols, laisser aller la machine vers le fond du val en ces grisants “ planements ” évoqués par Vélocio * qui usait de ce poétique néologisme pour exprimer les sensations nouvelles que lui procurait l’usage de la roue libre, se sentir constamment ce “ piéton miraculé ” cher à Jacques Faisant, voilà ce qui nous distingue, sans nous en séparer, des autres cyclistes.
Trop touristes pour n’être que cyclistes, soit… Mais trop cyclistes pour n’être que touristes, assurément !
Ce sont ces cyclotouristes-là que je vous convie à suivre, en devenant membre de la “ SECTION CYCLOTOURISME DE L’A.S. ELECTRICITE DE STRASBOURG ”
* Vélocio pseudonyme du “ maître ” stéphanois Paul de VIVIE père du cyclotourisme.
Jean-Pierre STEINMETZ