Article paru dans le journal Expressions du décembre 2016 édité par la CMCAS de Strasbourg Sélestat.
L’ASES Football a été le premier club alsacien à s’engager aux côtés du Conseil Départemental 67 et de la Ligue d’Alsace de Football pour expérimenter le contrat d’engagement civique, un contrat qui permet à un allocataire du RSA volontaire de faire du bénévolat dans un club. Seul le club de Sélestat a depuis rejoint l’ASES pour tenter l’expérience.
« Fin 2015, une amie, qui est directrice adjointe de L’Atelier à Strasbourg, le Centre de formation qui porte l’École de la Deuxième Chance du Bas-Rhin, m’a contacté pour me parler d’un dispositif que souhaitait tester le Conseil Départemental, explique Bernard Bloch, président de l’ASES Football. Comme elle me savait impliquer dans le foot dans les quartiers sud de Strasbourg, elle m’a proposé de participer à la réunion qui allait avoir lieu au siège de la Ligue d’Alsace de Football. Évidemment, j’ai immédiatement répondu présent car je suis intimement persuadé qu’une association peut aider une personne en rupture sociale à se réinsérer. D’abord à se re-sociabiliser, ensuite à participer à différentes tâches, enfin et surtout à reprendre confiance en elle en voyant le regard positif et la satisfaction des personnes qui bénéficient de ses services. »
La personne en question a été sélectionnée par les équipes de L’Atelier, parmi une liste de personnes en grande difficulté, mais volontaires pour participer à cette expérimentation. L’Atelier a ensuite proposé différents profils à l’ASES qui en a sélectionné un. « Nous avons choisi Abdelkader (à la droite de son tuteur actuel Abbas sur la photo) car il semblait particulièrement motivé et volontaire. Mais j’ai surtout dû trouver un tuteur au sein du club qui soit capable d’accompagner un homme en rupture, de 55 ans. L’an dernier, c’était Vincent, un chef d’entreprise qui était notre secrétaire et qui entraînait les Pitchounes, nos plus jeunes membres âgés de 5 à 7 ans. Au début, Abdelkader a été son assistant. Il donnait un coup de main bénévole, le mercredi, et aussi le samedi, jour des matches, en aidant à installer le matériel sur le terrain et à le ranger. Lentement mais sûrement, Abdelkader a pris de l’assurance et se prenait en charge. Mais, le rôle et la proximité du tuteur est essentielle pour être à l’écoute des difficultés que peut rencontrer la personne concernée. »
Comme l’expliquait Abdelkader en répondant aux questions de Stéphane Dangel, responsable du magazine Tout le Bas-Rhin, « être avec les enfants, ça me va. C’est mieux que de rester à la maison. Je suis content. Et puis j’aime le sport, c’est mon plaisir, d’ailleurs moi aussi j’étais un joueur de foot ».
Abdelkader et Abbas
A l’inter-saison, Vincent a quitté le club, « mais nous avons souhaité poursuivre l’expérience avec Abdelkader, poursuit Bernard Bloch. Cette année, il est officiellement l’entraîneur-adjoint de nos Pitchounes, et il seconde Abbas qui est devenu son tuteur. Mais le profil d’Abbas n’est pas le même et je m’implique à ses côtés pour tutorer Abdelkader. Début octobre, nous avons fait un point avec le Conseil Départemental, L’Atelier et Abdelkader. Il est clairement heureux de se lever le matin quand il sait qu’il va entraîner les jeunes. Mais il est aussi en demande de soutien. Je suis particulièrement vigilant sur ce point. Pour le club, c’est un beau challenge que nous avons relevé. Au début, je pensais que cela créerait peut-être des jalousies mais pas du tout : Abdelkader fait clairement partie de l’encadrement du club. Et pour le club, l’effet positif de l’expérience avec Abdelkader est une cerise sur le gâteau. »
En parallèle, Abdelkader continue d’être accompagné par un référent de L’Atelier, comme tous les autres allocataires du RSA en vue de son insertion, qui reste l’objectif.